par Renate Sander-Regier
Les pollinisateurs aiment les pelouses imparfaites ; ils les préfèrent lorsqu’elles sont relativement délaissées. Les pollinisateurs sont beaucoup plus attirés par les pelouses qui s’écartent de l’ordinaire. Oubliez donc les gazons parfaitement verts et bien tondus !
Pour ceux d’entre nous qui n’aiment pas tondre, c’est une bonne nouvelle. Nous avons maintenant une raison de plus, basée sur la recherche, pour retarder la tonte et négliger l’herbe sur nos terrains.
Des recherches récemment publiées révèlent que les pollinisateurs bénéficient des pelouses qui sont tondues aux deux semaines plutôt que chaque semaine. Ces périodes plus longues entre les tontes offrent aux plantes le temps de fleurir, produisant du pollen et nectar aux abeilles et autres insectes pollinisateurs.
Lors de l’étude, menée par des chercheurs de plusieurs institutions, on a testé expérimentalement si différentes fréquences de tonte (1, 2 ou 3 semaines) influençaient l’abondance et la diversité des abeilles dans 16 cours de banlieue sans herbicide à Springfield, au Massachusetts. Bien qu’elle ait ses limites, l’étude offre des résultats intéressants et complexes (voir les liens ci-dessous pour plus de détails).
Dans ces 16 pelouses, les chercheurs ont observé 93 espèces d’abeilles, soit environ un quart de toutes les espèces d’abeilles trouvées dans l’état. Ils ont même observé une espèce non répertoriée dans le Massachusetts depuis les années 1920. Des observations supplémentaires ont fait augmenter le nombre d’espèces d’abeilles à 111.
« J’ai été étonnée par la haute diversité et par les abondances d’abeilles documentées dans ces pelouses », a déclaré l’une des chercheures, Joan Milam. « Cela témoigne de la valeur des pelouses non traitées pour soutenir la faune » (voir “Lazy lawn mowers” can help…).
Plus de recherche est nécessaire afin de déterminer si les fréquences de tonte de pelouses mènent aux mêmes résultats à d’autres endroits, notamment chez les terrains de golf, terrains d’athlétisme et autres pelouses résidentielles. Pourtant, les chercheurs soulignent que l’étude démontre la capacité qu’ont les environnements urbains bien gérés à fournir un habitat approprié à de nombreuses espèces d’abeilles.
« Les villes peuvent abriter des populations d’abeilles indigènes encore plus diverses et abondantes que les zones naturelles voisines », ajoute Susannah Lerman, auteure principale de l’étude. « Les pelouses bien gérées et qui cherchent à promouvoir le bien-être des abeilles ont le potentiel d’augmenter leurs abondances » (voir Mowing the lawn less often…).
Ainsi, ne vous embêtez pas à tondre votre gazon cette fin de semaine. Laissez les pissenlits et les trèfles pousser et fleurir. Les abeilles qui vivent dans votre quartier vous remercieront.
Pour plus d’information
Résumés de cette recherche (disponibles en anglais seulement)
- Bees love the lawns of lazy homeowners
- “Lazy lawn mowers” can help support suburban bee populations and diversity
- Mowing the lawn less often improves bee habitat
L’article de recherche complet (disponible en anglais seulement)
To mow or to mow less: Lawn mowing frequency affects bee abundance and diversity in suburban yards (gated)
Renate Sander-Regier a une passion pour les abeilles sauvages. Elle cherche à les encourager, ainsi que supporter d’autres pollinisateurs indigènes par l’entremise de différents projets de plantation d’habitats – à sa maison rurale, au jardin écologique Fletcher, au campus de l’Université d’Ottawa, et plus encore.